C’est peut-être le second apprentissage fondamental pour l’enfant
Lélio n’a pas voulu s’extraire de son exil pour lire ce texte,
il aurait lu tout autre texte sans un accent
mais je suis certain que pour celui-ci, sur la trace de Toto Bissainthe qui a aussi bien chanté Saint Germain des prés (et Ferré) que Papa Loko
pour Vulgum Lupus
il aurait retrouvé le parlé créole.
Je me suis permis, osant la maladresse, d’imaginer cette lecture
qui me semble être celle pour laquelle j’ai écrit ce poème.
(cliquer pour agrandir)
Dans une ruelle de Buis Les Baronnies – où un costaud ne passe que de profil
à deux pas du Bar Des Cigales
presque en face de l’appartement d’un régisseur/comédien/metteur en scène de théâtre.
Un des regards sur le réel, qu’à orienté ces derniers mois
le délicieux thème de la revue « La piscine »
« L’âme des lieux sans âme »
Comment ne pas penser à André Dhôtel ?
[plus trop envie de déposer les signes codés
alors juste le son … et encore ]
Bandit gentil
d’où tiens tu cette aisance
ton contour
jusqu’à celui de ta malice
et celle des lieux
qui s’ajustent si bien
Bandit gentil
donne moi du regard
un peu de ce qu’il y a là bas
un peu du son de ce grand tambour
grave et joyeux
un peu de l’odeur de la terre où il bat
Bandit gentil
ce cordon invisible
depuis ton autre nombril
au milieu de ton front
profites-en bien
Nemours Bisainthe : Lélio, Je vous remercie de cette proposition d’entretien dans cet ici que nous avons établi grâce à une liaison satellite avec le lieu où vous vous tenez actuellement et que vous souhaitez tenir secret.
En préalable à tout échange j’aurais une question de forme à vous poser.
Lélio Lacaille : Mais posez donc vous savez bien qu’ici il y a de la place.
N.B. : vous avez souhaité prendre la parole sur les ondes de « cap à ici » pour donner votre sentiment à propos des projets de lois qui font tant de bruit ici et là.
Est-ce pour vous en débarrasser, ou comptez vous le reprendre en partant.
L.L.: J’ai l’intention de le partager à la manière de Saint Martin car j’ai bien l’impression de voir courir un peu partout des gens fort dévêtus en ce qui concerne précisément le sentiment et en conséquence l’opinion. Cette opinion qui nous aide à ne pas adhérer à n’importe quelle surface gluante à laquelle nous nous serions heurté par mégarde.
Mais, brisons là. Rentrons dans le vif s’il en est encore.
N.B. : Entrez, entrez donc !
L.L. : Je me contenterai d’évoquer – en raccourcissant un peu et en travestissant ce qu’il faut pour que l’on se donne la peine d’aller y voir de ses propres yeux – l’histoire de ce dont on souhaite nous priver si nous nous comportons très mal.
N.B. : Mes oreilles sont sur vos lèvres.
L.L. : Il y a bien longtemps, l’homme qui naissait libre n’avait aucun des identifiants qui permettent d’une part de l’identifier de façon mécanique – aux moyens des outils qui manipulent le code – d’autre part de s’en rendre propriétaire. Il n’avait pas de nom de famille et non plus de nation au sens auquel nous l’entendons.
Dans l’idéal, il n’était donc ni traçable ni mobilisable (sans contrainte) du fait de l’appartenance à une patrie ayant droit de vie et de mort sur lui.
Il est évident que l’on pourrait faire une longue liste des avantages que nous avons gagnés suite à ces obligations de l’identité à vie et du devoir d’aller éventuellement mourir « pour une patrie ». Cependant il est tout à fait concevable que pour certains humains ces avantages ne valent pas la liberté perdue et cette menace de mort impersonnelle planant au dessus de leur tête. Pour eux, le fait de devenir apatride pourrait ne pas être une peine, mais un soulagement.
N.B. : J’ai un peu de mal à vous suivre et je ne sais si j’en ai réellement envie. Mais dans l’immédiat quelle conséquence pourrait avoir ce que vous dites, pour peu que cela ait un sens ?
L.L. : Et si ceux dont j’évoque l’hypothétique existence se mettait à réclamer le statut d’apatride ? n’y aurait-il pas un terrible retournement des men…
N.B. : Lélio…. Lélio ? … Je crois que nous avons été coupé.
Nous ne sommes pas morts !
à cheval sur la balançoire
les ailes humides dans le soir
Nous ne sommes pas morts !
juste un peu assoupis
les hommes ont tellement d’ennuis
et nous sommes si petits
Nous ne sommes pas morts !
à regarder nos yeux brillants
qui reconnaîtrait des enfants ?
Nous ne sommes pas morts !
et toi monsieur, tu es vivant ?