Le voile se retire

L’orage est si près
toute cette pluie en devenir
excèdera ta soif

aveugle
tu le seras
bien avant d’être sourd
et n’en sauras rien

déjà frémissent de joie
de cette pluie en devenir
tous tes suppliciés

vert devenu gris
tombe des forêts en cendre
vies silencieuses

Il jaillit
il est là
l’éclair
blanc, figé dans le ciel
Tu ne verras pas la fin
ni entendra
les chants mêlés
d’un monde en joie.

Illu-atrice

Laisser se reposer le grand corps du poème
jusqu’à en oublier notre présence
et fondre
du souffle au battement de cœur
à l’ombre même
les mains dans les poches
comme indice de notre innocence
notre impuissance
déchéance
Fondre
dans l’obscurité vague
qui entoure le beau halo
autour des chairs
Fondre.

Du désir qui nous tient
il ne doit rien savoir.
Ce n’est
qu’insouciant
dans un demi sommeil où l’ignorance lui fait oser
dans la solitude absolue des déserts éclatés
que le miracle s’accomplira.
Chacun de ses bourgeons libérant mille fleurs
feuilles, branches
muées parfois
en torrents
en rocher
bien avant même que toute sa matière cesse de palpiter
et se replie un peu
pour hiberner.

Alors
doucement
s’approcher
détacher sur son ventre, sa cuisse, sa gorge
sa joue même
délicatement
un morceau du papier
et se convaincre
que c’est dans notre plume qu’il s’est baigné.

dix sous

J’ai peur !
chaque parcelle
d’une œuvre vivante
parvient à absorber ma pensée

:
fleur unique ou plurielle
contrainte ou laissée à elle-même

sourire d’un visage entier

dessin d’enfant qui ne sait pas encore
dessin d’humain qui a su oublier

duvet
que la toilette d’une tourterelle
a laissé s’envoler
et dont un vent léger
prolonge presque indéfiniment la course.

poème

comme on gobe un oeuf

Envol

Comme l’oiseau peureux,
picorant à terre
les miettes de pain offertes par un humain
qui parfois s’envole soudainement,
tel fait mon esprit posé sur un poème
lorsque,
sans cause apparente
,
sans que j’y puisse rien faire pour l’en empêcher,
il s’évade de la page.
Mais la raison en est bien différente
et même totalement contraire.
Car c’est gorgé de la sève que recelaient les vers
que je m’enfuis,
trop étourdi, trop ivre pour demeurer à terre,
courir dans le paysage
dont m’a fait présent le poète.

… si peu

Traces

Un cheval au galop
dans la tête

Un soleil rouge
Dans le cœur

Et
ce givre qui s’accroche aux fenêtres l’hiver
Dans tout son corps

Il va
d’un pas lent
à la recherche de l’aimée
Se penchant sur le sol
à chaque fois qu’il y voit
un morceau de souvenir
encore vivant.

l’Ecorce et la Racine

OEPS QOA DSA

Nuit de la ville
Ses odeurs, ses sons
Une jeune fille passe
emporte mon cœur
quelques pas plus loin
puis le brise en deux
d’un éclat de rire.


Aux amis Arthur, René et André des Ardennes ardentes.