Lorsque
la phalange le doigt la main
parviendront à franchir la paroi sèche de ton front
cette matière absolue qui sépare deux mondes
pourtant si épris l’un de l’autre
lorsque la chair qui touche jouit et souffre
saura déjouer la vigilance du gardien sur le seuil
ce te sera
comme si ton âme respirait l’air véritable
pour la première fois
air
Dans les conversations … intelligentes
Dans les conversations intelligentes
y a rien à manger !
C’est des tomates d’Espagne, bien rondes, bien colorées, sans aucune tâche où le regard pourrait s’appuyer,
même pas bonnes à reluquer
si ton œil sait encore palper autre chose que la lumière.
C’est du carrelage !
au mieux, avec des cabochons,
pour casser un peu l’uniformité des lignes
c’est du carrelage
sur lequel aucune semelle n’est jamais passée
à peine si l’éloignement
– je veux dire : le temps du mot qui se déroule –
donne l’illusion de petites variations dans la teinte, le grain ou les angles.
Si Alan Lomax devait revenir par chez nous
pour, à nouveau, collecter du vivant
ce ne serait pas de la musique qu’il irait écouter dans les maisons des franges du monde
et recueillir pour les générations futures
c’est des mots, des paroles, des sons articulés.
Graines d’épeautre
qui fait le pain vrai et la soupe bonne à la gorge
et au corps.
Dans les conversations intelligentes
le diable s’ennuie à mort.
*****
âpre au pot
coïncidence pour qui y croit
(un livre qui m’est arrivé entre temps dans les mains)
Le génie de la bêtise
Par Denis Grozdanovitch
addsous – 2
Quand j’ajoute
un mince et fluctuant ruban d’encre
sur la feuille de papier,
je soustrais à ta vue un peu de sa peau.
Cette peau si blanche
mais pas que.*
Usure
Nuage sans averse
brouillard que le regard traverse
sans le voir
si le silence le recouvre
d’un pieux manteau de deuil sans défunt
la lumière le protège d’une clarté qui nait
sous les feuillages dentelés de l’ennui
là est le souvenir refusé
plaie vive que la brise du temps
efface sans songer
laissant au ciel
désespérément bleu
la déchirure béante d’un néant déserté.
Blues (et … un mot par ligne à partir de « Samedi » de Christophe Sanchez)
Noix de brume au coin des
yeux / le réel m’enfume /
J’aurais bien voulu
élever mon cœur à hauteur de ses lèvres
—— coin si dense ! —–
sur le point de déposer en un de ces lieux dont le temps dissout l’encre
(sur la pointe des…)
ces quatre vers
Lélio tombe
sur le poème « Samedi » (celui d’aujourd’hui)
de Christophe Sanchez
sur lequel la brume est toute aussi dense
sur le champ Lélio décide d’y dessiner
à l’encre de niche
à la manière de ses dessins d’enfants
sur le résultat de ses tracés aléatoires
il eut la
sur prise
suivante.
L’original en cliquant
Et … 6
Et je dirais le bonheur
de voir
une fois encore
la dernière peut-être
le soleil
baigner l’horizon d’une vaste clarté
pourpre
humide
profonde
avant que de paraître
et de noyer son messager.
—–
Perdre … retrouver la face
L’un demande
se demande
si la voix qu’il entend est bien sa voix.
L’autre
si ce que lui renvoie
– sans violence
mais avec l’insolence naïve de l’enfant –
cette surface qui n’existe pas
est bien son visage
ou la forme approximative de son visage
quand le vent ne trouble pas l’onde.
Autour d’eux
la lumière
l’espace de la lumière
du chant des mondes
et des parfums
se moque.
Se moque comme un père
qui voit les premiers pas de son enfant
hésitants, maladroit.
Autour d’eux
un monde de silence
caresse leur présence
et sans hâte
avec une infinie tendresse
attend leur trépas.
La captive et l’Autre
Petit sarcophage mou
et l’Autre aussi dedans.
Grand
celui de l’eau prisonnière
jamais pour longtemps.
La langue chaude du soleil
un peu faible en ces temps
aide la fuite.
Le nuage l’attend,
fruit de la montagne
et du vent.
L’Autre
survit un peu
en rêvant.