Parfois la voix descend du ciel
éclate autour de moi
et dit
ce qu’elle exige des petits hommes
pour éclairer le monde de ses couleurs aigues.
Traquant l’ombre de l’incertain
et des pensées nomades.
Alors, je sais
des yeux, de la bouche et du corps
comme l’espace
que ma peau croit tenir
est vide et sans pouvoir !
comme mes lèvres sont impuissantes
à y jeter la moindre trace
comme mes pas sont enfermés
en des cages parfaites
que nul n’a besoin de maintenir closes.
En ce lieu d’harmonie parfaite
m’a quitté toute pensée
de m’en échapper.
Minéral
Très rapide dans le temps
mais très lent dans l’espace
Peut sembler aux anges et aux animaux dépourvu de vie
Rapport temps/espace infini
Le dé de l’homme, n’est pas le dé d’un dieu, ni celui …
Magnifique poème que celui de Mallarmé « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard«
(bonjour … toi !?)
dont on peut trouver une sublime interprétation de Denis Lavant sous le nom « La machine rouge »
Ici il est question de l’univers, du nombre (et donc de la machine) et de l’humain.
En ce temps, que nous occupons de nos respiration, la question des liens entre ces trois termes est plus que jamais posée et plus nous nous y immergeons, moins nous sommes capables d’en percevoir le territoire et ce qui y grouille ou y est spectre.
Mallarmé dans la fin de son poème pose une réponse paradoxale qui offre une voie
« Toute Pensée émet un Coup de Dés »
On pourrait y voir une contradiction avec la première phrase du poème.
Il n’en est rien.
A condition d’y accepter, du côté de la pensée, une forme particulière de Dé.
Un Dé non discret, un Dé sans rien qui l »arête « , un Dé absolu celui de tous les possibles, celui précisément de l’esprit, un Dé au nombre infinie de faces , c’est à dire un Dé qui accepte de perdre la face pour émettre ou être le résultat, d’une pensée.
Cut off (réduction aux majuscules non isolées du poème)
UN COUP DE DÉS
JAMAIS
[QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES CIRCONSTANCES
ÉTERNELLES
DU FOND D’UN NAUFRAGE
(SOIT
LE MAÎTRE)]
N’ABOLIRA
COMME SI
COMME SI
SI
C’ÉTAIT
LE NOMBRE
EXISTÂT-IL
COMMENÇÂ-T-IL ET CESSÂT-IL
SE CHIFFRÂT-IL
ILLUMINÂT-IL
CE SERAIT
LE HASARD
RIEN
N’AURA EU LIEU
QUE LE LIEU
EXCEPTÉ
PEUT-ÊTRE
UNE CONSTELLATION
Lune claire
Ni l’écouter
Ni humer son parfum
seule l’enfant
d’un jet de pierre sur sa marelle
entre terre et enfer
voit
le grand trou clair qui nous regarde
Prison
Elle me dit
– Je ne veux pas être en prison
Je lui dis
– J’ai l’air d’un maton ?
Elle me dit
– Je ne veux pas de prison.
pas autour de moi, de murs ou de chaines
pas même dedans avec du bonheur.
MES-ALLIANCE
Il y eut un temps
où même les objets
jugèrent les hommes si mauvais
que
bravant les lois aux quelles
depuis la création du monde
ils consentaient d’obéir
[en sacrifiant ainsi à la mort perpétuelle]
la plupart se mirent à nuire au genre humain.
Ainsi par exemple
un grand nombre d’accidents de la route
furent provoqués par
le mensonge délibéré
de la partie réfléchissante des rétroviseurs
floutant – parfois même gommant totalement –
la silhouette d’un véhicule
dont le dépassement promettait l’impact.
—-
La source de l’image confirme la mauvaise opinion du dit rétroviseur
Dire du beau, dire du bien – les quatre éléments – [Essaie encore …]
Partout, se lit, se dit, s’entend, se voit le désenchantement. L’âme est morose et entretient cet état par la nature même des mets qu’elle absorbe.
Il faudrait décréter la nécessaire parité des annonces positives et négatives pour maintenir la tête, de temps à autre, l’espace d’une respiration, hors de l’eau.
Prends ta plume Lélio me dit une petite voix intérieure et participe à l’ouverture du chemin.
Je prends, je prends …
mais cela s’avère plus difficile que je ne le pensais.
[Dire du beau, dire du bien, dire du beau, dire du bien, dire du beau, dire du bien, … !!!!]
La terre se meurt, la Terre et la terre, les vers n’en peuvent plus, n’en veulent plus, nos corps non plus qu’on les lui refuse en les incinérant pour ne pas les savoir corrompus, avalés, recyclés. La Terre n’est plus qu’une terre en attendant mieux, en attendant celle que les yeux gourmands de nos télescopes chassent dans les grands espaces. La Terre est dépassée par nos événements, probablement.
[Dire du beau, dire du bien, dire du beau, dire du bien, dire du beau, dire du bien…!!!]
L’air se trouble, l’air n’en a plus vraiment l’air, traversé de tunnels en tous sens, appauvri en ce qui soutient la vie, enrichi de tout ce qui obscurcit le ciel et fait tousser l’homme qui se risque au dehors. L’air voit ses transports s’accélérer, ses vents s’emballent, s’enragent en tourbillons imprévisibles et destructeurs.
[Dire du beau, dire du bien, dire du beau, dire du bien, …!!]
Le feu partout dévore. En combustion lente, en brasier contenus, en incendies. Là où on le croit prisonnier, docile, dompté, il cache sa colère et ses dévastations futures dans ses déchets. Il est aussi dans les cœurs, les esprits, les chairs qui réclament elles-mêmes sa brûlure, sa marque.
Dire du beau, dire du bien, …
L’eau des sources désaltère toujours autant et sa caresse enchante encore nos lèvres … pour un temps.
Passage
Un peu d’eau est tombée sur le jardin.
Les roses ont vaillamment résisté. A peine quelques pétales défraîchis aux couleurs déjà fort pâles, parsèment l’allée centrale et ses abords.
Quelques cerises translucides piègent encore cette lumière en boule qui émane du ventre des nuages.
Tout comme le vieux rosier jaune, le cœur à nu, fixé par quelques solides liens au mur de la cabane à outils et donc la moitié au moins des bras sont desséchés, Jean se sent las.
Pourtant il n’a jamais autant senti la vie dans son corps.
Aujourd’hui la fatigue douleur a gagné l’épaule droite et une partie du bras.
Aiguë, lourde comme une main qui agirait sur les chairs sans faire un mouvement, en irradiant par simple contact les muscles devenus incapables de se relâcher totalement, même si, en apparence …
Jean se sent las.
Et cette lassitude se répand hors de lui, et semble transfigurer le jardin qu’il voit baigné d’une clarté que piège chaque goutte en suspens.
Bientôt, le corps de Jean sera tout le jardin.
ET -1-
Et la nuit mêle
sa chair à la nôtre,
sa fatigue
sombre et légère
à celle qui sourd en nos muscles
et bourdonne à nos oreilles,
les songes qui la traversent
à nos désirs de rêves.
Tout l’amour d’un grand corps vide
elle en emplit
le creux de nos cœurs, de nos mains
et s’y endort avec nous
jusqu’à demain.
Le mot c’est l’homme
Le mot c’est l’homme
Chaque fois qu’il arrive, qu’il parvient, qu’il se pose
il perd son parfum, son regard, sa sève
la vie qui l’habite s’enfuit de lui
et laisse un leurre
un spectre
une fausse présence qui claque du bec
donne de la voix
sans voix
Le mot c’est l’homme
Lorsqu’il replie ses ailes
s’achète un lieu pour se poser, se reposer
met pierres les unes sur les autres
en mur, en muret
avec un toit dessus pour écarter l’ami
pour écarter la pluie
et rester bien au sec
Le mot c’est l’homme
Lorsqu’il replie ses ailes le poème est fini.