Après des années d’existence en « camp volant » comme on dit (aussi) en Lorraine, je me retrouve dans un chez moi où l’ensemble de ma bibliothèque fait la belle au bois dormant en des cartons multiples.

J’accepte (en gros) , bien que j’ignore son utilité me concernant, un confinement que rien ne justifie, puisque, dans le tout petit village perdu dans la campagne, où je demeure, il est plus facile d’éviter un humain, (en particulier un gendarme) qu’un arbre, un chat, un moineau, les crocs d’un chien …
Disons donc que c’est par solidarité, un peu comme on arrêterait de boire pour soutenir les efforts d’un alcoolique repenti … (je m’efforce d’y croire, pour espacer mes sorties en vélo sur les chemins, mon papier réglementaire rédigé à la main, assurant que je suis en quête de mon pain quotidien.)
Donc, me voilà doté d’un peu de temps pour réorganiser les cartons.
Certains livres sont à donner, d’autres à jeter (si si ! tout ceux d’informatique, ou de maths s’ils ont été édité après 1965, tout ce qui concerne le développement personnel …) pour d’autres il faut modifier leur accessibilité (premier, second rang ou troisième dans une des bibliothèques)
J’ouvre au hasard en commençant par le vrac. Les derniers rangés, dans les instants où le temps nous pressait, l’heure du départ approchant.
L’occasion de proposer une lecture, à ceux qui sont dans cette condition de semi-liberté, et n’auraient pas sous la main de quoi lire du nouveau
…
c’est à dire ici de l’ancien
(Exemplaire relié en toile. Mis au rebut par une bibliothèque populaire.)

Cela commençait plutôt bien …
Sur mon édition tout du moins, car celle donnée librement sur la toile (merci wikisource) ne possède pas cette introduction.
« Le charme qui entraîne un public considérable à lire des voyages a pour origine principale la satisfaction que procure un récit d’aventures où l’on voit se déployer la force morale de l’homme parmi les dangers, dont il est entouré mais qu’il surmonte. Ensuite viennent les plaisirs que donnent à l’imagination l’observation de mœurs inaccoutumées, la description de pays différents de ceux où nous vivons et l’enchaînement d’actions extraordinaires, racontées avec esprit, même avec talent de la mise en scène. Enfin peu de lectures sont plus propres à faire naître des réflexions qui intéressent la raison des gens un peu habitués à comparer le présent au passé. Sans doute ces diverses sortes de délectations intellectuelles ne se rencontrent pas réunies dans toutes les relations de voyage; mais plusieurs les présentent ensemble et, dans le nombre, on peut ranger désormais celle qu’ont écrite lord Milton et le Docteur Cheadle.
Mais cette introduction nous rappelle par la suite tout ce que l’homme est capable de vouloir et de faire lorsque l’argent et la puissance le tiennent.

A retrouver en texte intégral ici :
les auteurs
« … il nous présenta le jeune Rover, chien à l’air alerte, au poil doux, dont la forme et la couleur rappelaient celles d’un terrier noir et brun, mais qui était de la taille d’un basset. On excusera certainement les minuties du portrait que nous en traçons quand le reste de nos aventures aura fait apprécier la valeur de cet animal, avec quelle fidélité il nous a servis, combien il nous a fourni de nourriture, et par quelles connaissances variées il a su divertir et les Indiens que nous avons rencontrés et nous-mêmes. Nos amis indiens ont eu pour lui une affection qui n’avait d’égale que la haine que leurs chiens lui portaient. La façon pleine de courage et de dignité dont il en usait avec ces derniers, qui ressemblent plus à des loups qu’à des chiens, leur apprit bientôt à le craindre et à le respecter. Dans son petit corps était un indomptable cœur, et sa manière de combattre était tout l’opposé des idées et des habitudes de ses ennemis. Ceux-ci montraient les dents, s’élançaient, mordaient puis battaient en retraite ; lui, au contraire, attaquait et saisissait son adversaire avec une résolution si délibérée qu’il n’y avait pas de gros chien qui ne finît par s’enfuir devant ce courage inflexible. Qu’on ne s’imagine pas cependant que Rover fût un querelleur. Il marchait tranquillement comme s’il ne s’apercevait pas des chiens qui, la queue droite, grognaient à ses côtés. Cette tenue sans peur lui épargnait certainement beaucoup d’attaques. Dès l’abord, il nous parut si bien capable de nous rendre les services que nous attendions d’un chien, son intelligence et sa docilité nous ravirent tellement que, le lendemain, nous offrîmes à son propriétaire vingt-cinq dollars (135 fr. 50 c.) pour l’emmener avec nous.
L’homme hésita. Il ne se souciait pas du tout, disait-il, de se séparer de son chien ; d’ailleurs, il pensait que sa femme ni sa sœur ne voudraient en entendre parler. Cependant, s’il pouvait réussir à obtenir leur consentement, il serait bien obligé, de son côté, de ne pas refuser une offre si avantageuse, car il était fort à court d’argent.
Il s’en alla sonder les intentions des deux femmes à cet égard. Aussitôt elles s’élancèrent dans la chambre. L’une prit Rover dans ses bras et toutes deux, fondant en larmes, déclarèrent à qui mieux mieux que rien ne pourrait les décider à se séparer de leur cher ami. Parfaitement vaincus par une scène de ce genre, nous nous y dérobâmes en nous reprochant comme un crime d’avoir osé penser à priver ces pauvres femmes isolées d’une des créatures, en petit nombre, sur lesquelles elles pouvaient répandre le trésor de leur affection féminine.
Néanmoins, comme nous étions sur le point de partir, l’homme vint nous trouver. Il menait en laisse Rover et nous pria de le prendre avec nous, car il avait fini par persuader les femmes de consentir à son départ. Nous hésitions ; mais il fit tant d’instances que nous mimes nos scrupules de côté et que nous lui comptâmes la somme offerte. L’homme fit alors au chien ses adieux comme à un de ses amis les plus chers, et nous supplia, à plusieurs reprises, d’être bons pour ce petit être. Nous nous y engageâmes du fond du cœur et nous n’avons pas besoin d’assurer que nous avons fidèlement tenu notre parole. »
Un avis français sur les guerres entre « Américains » et « Indiens »
« Une quinzaine plus tard, ces braves gens furent, ainsi que presque tous les blancs de ce côté du Minnesota, horriblement assassinés par une invasion de Sioux .
Ce terrible massacre, accompagné de toutes les brutalités qui caractérisent les guerres des sauvages, avait son explication, sinon son excuse ou même sa justification, dans les mauvais traitements qu’avaient reçus les Indiens.
La négligence et l’injustice du gouvernement américain, les atrocités commises par les troupes qu’il envoie garder la frontière, avaient exaspéré et jeté hors d’elles-mêmes les tribus indigènes.
Plusieurs milliers d’Indiens, hommes, femmes et enfants, à des époques fixées par le gouvernement lui-même, s’étaient périodiquement réunis aux forts Snelling et Abercrombie pour recevoir le subside annuel, promis en payement des terres qu’ils avaient cédées aux États-Unis.
Soit négligence des fonctionnaires à Washington, soit incurie ou malversation de la part de leur agents, le fait est que, depuis quelques années, on faisait attendre les Indiens durant plusieurs semaines en leur promettant l’argent qui leur était dû.
Quoiqu’ils ne soient en mesure d’apporter avec eux que peu de provisions, suffisantes à peine pour quelques jours, et bien qu’ils soient ainsi éloignés des troupeaux de bisons qui constituent leur unique ressource, on les a retenus en 1862 pendant près de six semaines à attendre un payement qui n’est pas arrivé.
Faut-il s’étonner alors de ce que, traités chaque année avec un pareil mépris, dénués de tout, mourants de faim, les Sioux aient enfin perdu patience et se soient levés pour tirer vengeance d’une race odieuse à tous les Indiens de l’Ouest ? »