[Une fois n’est pas …
pour l’« agenda ironique de janvier » chez Lyssamara]
Tandis que les autres demeuraient silencieux, il se mit à aller et venir, fouillant dans tous les tiroirs.
Aucun de ses congénères ne comprenait l’agitation frénétique qui l’animait dans ce qui devait être la recherche d’un met particulièrement succulent.
Car que peut bien chercher un cafard hormis sa nourriture quotidienne. Et pourquoi tant d’empressement ? Les humains laissent partout autour d’eux tant de bonnes choses à manger. Aucun des siens n’a jamais agité son corps en tous sens, ne s’est précipité ici, puis là, n’a fureté dans les moindres recoins de ce meuble mille fois visité par les uns et les autres.
Combien de temps pourra-t-il tenir se train d’enfer avant de s’étendre, épuisé, incapable d’un mouvement, aussi immobile qu’un galet, son absence de cœur battant plus lentement que les pulsations d’une céphéide
En la partie de lui-même capable de penser (les lecteurs nous excuseront de ne pas la nommer, le doute est encore de mise en ce qui concerne sa localisation. Une des thèses en présence étant que cette faculté migre d’un lieu à un autre de son corps, traversé de façon cyclique par le flux concerné, à la manière dont le revif s’empare du littoral ) une question, motive de ce comportement si étranger à sa nature : où avait-il caché le minuscule morceau de papier buvard enduit d’acide borique ?
Oui toute la volition de ce petit être carapaçonné se résumait à « SE REVANCHER – SE REVANCHER – SE REVANCHER … » de ce congénère à gueule d’ange, ce maudit Naom qui lui avait ravi la compagne de ses nuits.
Mais un doute le ronge et justifie toute cette frénésie : celle-ci ne risquait-elle pas d’être prise au piège qu’il avait destiné au beau-crisseur tant haï ?
Il devait absolument retrouver le poison.
…
Trop tard ! Oui, c’est bien elle ! Immobile … ses si jolies pattes en l’air.
L’absence de larme pour exprimer sa détresse lui rend celle-ci plus cruelle encore.
Les derniers moments de bonheurs viennent alors l’assaillir, rendant encore plus insupportable la vue de ce corps, de celle qui, il y a peu lui disait – et qu’il n’avait su comprendre pour son malheur – « Je m’attache très facilement ».
Pourquoi n’avait-il pas fait appel à un tueur à gage ?!
Sa décision est prise. Se sachant incapable de recourir au suicide, et surtout, afin de boire jusqu’à la lie la coupe des regrets, mais en mettant le contrat à son nom… il fera le jour même appel aux services d’un vrai, un professionnel … un authentique sicaire !
Où l’on apprend que les cafards sont des sentimentaux un peu nigauds ! Pauvr’ petit’ blattaria, nièce d’une Bovary plus Mona que Lisa, et ses pattes en l’air désormais immobiles.
Merci pour cette peinture pas si animalière toute de féminisme cachée.
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Eh bien ! Quelle histoire ! Moralité, se revancher n’est pas une mince affaire, qu’il faut avant tout laisser aux sicaires qui savent y faire 🙂 ! Belle soirée, Sabrina.
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Un sicaire chez les cafards… je me demande bien à quoi ça peut ressembler ! Un texte qui m’a fait sourire. J’ai beaucoup aimé ! Belle et douce journée !
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Merci du passage et du commentaire
La fin du mois approche et de mon côté je n’ai pas encore tout lu … cet agenda a beaucoup inspiré.
La proposition était riche et donnait envie de s’y promener.
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Pour voter P’tite blatte, c’est ici (n°9)!
🙂
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