Illu-atrice

Laisser se reposer le grand corps du poème
jusqu’à en oublier notre présence
et fondre
du souffle au battement de cœur
à l’ombre même
les mains dans les poches
comme indice de notre innocence
notre impuissance
déchéance
Fondre
dans l’obscurité vague
qui entoure le beau halo
autour des chairs
Fondre.

Du désir qui nous tient
il ne doit rien savoir.
Ce n’est
qu’insouciant
dans un demi sommeil où l’ignorance lui fait oser
dans la solitude absolue des déserts éclatés
que le miracle s’accomplira.
Chacun de ses bourgeons libérant mille fleurs
feuilles, branches
muées parfois
en torrents
en rocher
bien avant même que toute sa matière cesse de palpiter
et se replie un peu
pour hiberner.

Alors
doucement
s’approcher
détacher sur son ventre, sa cuisse, sa gorge
sa joue même
délicatement
un morceau du papier
et se convaincre
que c’est dans notre plume qu’il s’est baigné.